Les pires mensonges
C'est à moi que je les murmure
Fragments élimés
Unis par des raccords qui jurent
Ces rapprochements de vérités floues
N'existent vraiment
Que parce que je les couds
Je surpique mes songes
De gros fils blancs
Qui tissent des vœux pieux
En vains raccommodements
J'y ajoute des froufrous
Que j'orne de guipures
Aux motifs de brocarts effilochés
Est-ce pour moi que je couds
Des coupons dépareillés
Unis par des serrements
Qui se jurent vérité
Malgré les jonctions floues
et les bouts rabibochés?
Cousette mal aguerrie
Je pique, puis faufile
Nos étoffes fatiguées
Aux rebords défaits
D'amours déçues
Réunies en mosaïque
Par nos silences qui s'y mentaient
Je me suis battue à plates couture
Au lieu d'en découdre
Avec cette nostalgie
De nos chaos si légers
Passepoils de velours
Œillades paisley
Baisers mousselines
J'ai voulu t'offrir
L'ourlet de mes lèvres
Réunir d'ébauches
Nos liens incertains
Pour en faire des courtepointes
Où nos corps moites et lassés
Se blottiraient au creux des mêmes rêves
Mais tu n'avais pas l'étoffe de l'amour
Tu as sorti ton coupe-fils
Défait mes coutures
Écorché tous mes plis
Abîmé mon cœur
Encore et encore
Aux arêtes du rocher
Imprenable qu'est le tien