vendredi 28 mars 2014

Les corps me sont étrangers

Les coeurs me sont inaccessibles

Les âmes des amours mortes me hantent

Il n'y aura plus d'amours vivantes

Il y aura peu de temps pour panser

Avant la chute dans l'invisible

mercredi 19 mars 2014

Là où il m'est possible d'écrire

Tous les lieux de transition
Il faut qu'il y ait translation
Changement d'état
Émouvement
Pour traduire fidèlement
L'image traversée au voile

Après seulement
La mise à l'écran
Ou la gésine sur le papier
Couches difficiles
Écorchures des traces
Sutures des ratures
Défaites dépensées

Parfois
Il ne reste
Rien

Nudité sans recours
Ni ressources
Dont seule une plume
Peut m'alléger

Nuit de mars

Suspendre les mots
À la fatigue des heurts
Nausées
Que les nuits troubles
De lueurs étalent
Au gré de vagues
Espoirs

vendredi 14 mars 2014

Douce compagne de solitude

J'ai envie de Nicotine
De sa présence toute en volutes bleues
Qui m'enveloppe
Et m'étouffe
Quelque chose d'un peu dur
À embrasser doucement
Et qui accueille mes lèvres
Dans quelque état qu'elles soient
Je m'ennuie de cette toute petite chose
Qui repousse les larmes
En les attirant par en-dedans

Qu'elle me manque
Cette touche
Objet de désir à l'odeur âcre
Que je savais tenir avec tant de grâce
Et qui, en retour
Me donnait contenance
Je n'étais jamais vraiment seule
Quand je fumais
Du moins,
Pas comme je le suis maintenant

Une cigarette à la main
Je pouvais me déposer
Dans n'importe quel bar
Dans n'importe quel café
Avoir quelque chose à faire
De mon corps
De mon regard
Sans souffrir de mon absence
De mon invisibilité
De ma difficulté à communiquer

Où que j'aille
Quelle que soit l'heure
Ma chum m'accompagnait.
On faisait la paire
Ma Clope et moi,
Son éclopée.

dimanche 2 mars 2014

Les bonnes manières

Il faudrait que nous ayons des choses à nous dire avant qu'un pendant prenne la forme d'un après. Tant de gêne devant ce désir que je fais naître. Tant de surprise devant ces mains qui s'approchent et ces yeux doux dont je ne capte l'éclat qu'à rebours. J'ai si mal aux lendemains impolis d'avoir donné trop rapidement par crainte de la honte plus grande encore que j'aurais éprouvée à ne pas honorer une promesse que j'ignorais avoir faite.

Tissu de mensonges


Les pires mensonges
C'est à moi que je les murmure
Fragments élimés
Unis par des raccords qui jurent
Ces rapprochements de vérités floues
N'existent vraiment
Que parce que je les couds

Je surpique mes songes
De gros fils blancs
Qui tissent des vœux pieux
En vains raccommodements
J'y ajoute des froufrous
Que j'orne de guipures
Aux motifs de brocarts effilochés

Est-ce pour moi que je couds
Des coupons dépareillés
Unis par des serrements
Qui se jurent vérité
Malgré les jonctions floues
et les bouts rabibochés?

Cousette mal aguerrie
Je pique, puis faufile
Nos étoffes fatiguées
Aux rebords défaits
D'amours déçues
Réunies en mosaïque
Par nos silences qui s'y mentaient

Je me suis battue à plates couture
Au lieu d'en découdre
Avec cette nostalgie
De nos chaos si légers
Passepoils de velours
Œillades paisley
Baisers mousselines

J'ai voulu t'offrir
L'ourlet de mes lèvres
Réunir d'ébauches
Nos liens incertains
Pour en faire des courtepointes
Où nos corps moites et lassés
Se blottiraient au creux des mêmes rêves

Mais tu n'avais pas l'étoffe de l'amour
Tu as sorti ton coupe-fils
Défait mes coutures
Écorché tous mes plis
Abîmé mon cœur
Encore et encore
Aux arêtes du rocher
Imprenable qu'est le tien