L'escalier a été mon premier lieu de transition. C'était aussi un refuge et une cachette. Ma chambre était à l'étage. Parfois, cet espace entre le monde d'en bas et le monde d'en haut prenait des allures de purgatoire. Quand j'étais punie, il m'arrivait de courir à ma chambre, de claquer la porte, puis de revenir en catimini m'asseoir sur le palier intermédiaire, immobile, en silence et aux aguets. C'est encore le cas aujourd'hui, même s'il n'y a plus matière à punition, quoique je perçoive la difficulté d'écrire comme telle.
J'aime les escaliers. Le palier et la distance entre les marches et les contremarches permettent une position assise propice à la conversation, au repos et à la rêverie. L'escalier est un des mes hauts lieux d'invisibilité et de visibilité : j'y éprouve un sentiment de clarté qui rend plus aisée la translation des mots lus et des mots tus vers les mots dits et les mots écrits.
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