jeudi 23 décembre 2010

Ces rencontres

Dehors, dans la file d'attente, Jo se fait fumer dessus agressivement par un blanc-bec, qui attend (se prend?) pour Falardeau. Ça me fait tout bizarre de constater que des indignés de pacotille, manieurs de discours politiques, sévissent encore. Ce militant, qui dit avoir servi la révolution avec un grand R dans la bouche, ignore qu'il confond sa gauche et sa droite. Lorsque nous arrivons au guichet de la billetterie, nous apprenons que notre film - Les petits ruisseaux - est déjà commencé. Montée d'autodérision: blanc-bec contre p'tits vieux. Après une bière au bar du quartier, détour au dépanneur, puis dvd chez Jo.

Éden à l'ouest, de Costa-Gravas
(réf.: À l'est d'Éden, de Kazan? Le héros s'appelle Elias)

Aller voir ailleurs si on y est. Sweet dreams are made of this.
Au gré des rencontres, pas toujours heureuses. Who am I to disagree.
Le danger guette les déplacés, les déclassés. Travel the world and the seven seas.
L'aide offerte a un prix. Everybody's looking for something.
Surtout si on est jeune et beau. Some of them want to use you.
Solitude des femmes dans ce film. Some of them want to be used by you.
Exploitation des sans-papiers. Some of them want to abuse you.

Petites indignités pour survivre. Some of them want to be abused.
Espoirs déçus, mais aussi, solidarités inattendues. I wanna know what's inside you.
Poursuivre son chemin, quel qu'il soit. Hold your head up, movin' on.

lundi 20 décembre 2010

Sombre bilan

Should have been
Never was

- Qu'est-ce qu'elle t'a fait ta mère? me demande-t-il
- Vraiment, tu n'as pas idée.

J'ai mis mon manteau et mes bottes, et je suis sortie dans la nuit. Encore. Ce n'est pas la première fois que je sors ainsi, pensant me calmer. Il fait froid dehors. Le bus n'arrive pas. Je marche un peu au hasard. Il y a le 11, au coin de Christophe-Colomb et Rachel, mais je n'ai pas le courage de le prendre et d'arrêter sur le mont Royal - ou plus loin - car j'ai peur de me rendre de l'autre côté. L'avenue du Mont-Royal fera tout aussi bien l'affaire.

Ma mère ne m'a rien fait ou plutôt, elle n'a rien fait. J'ai hérité cela d'elle, le "ne rien faire". Je ne fais rien. À partir de quel moment est-ce que ça arrête? Paradoxalement, il arrive que ça arrête quand ça commence. Mais pour cela, il faut atteindre un point extrême d'immobilité, et attendre ou espérer le tremblement de la rupture. Après, quand se profile une brèche,  il faut trouver le courage de s'y engouffrer: ça s'appelle alors le point de non-retour. Ce point, je l'entrevois souvent, mais je n'arrive pas à m'y engager. À cause du "ne rien faire". C'est ma petite lâcheté à moi.

Me voici donc partie, pour aller où? C'est lorsque je pars en cavale que je m'aperçois que je n'ai nulle part où aller.

mercredi 24 novembre 2010

Pigeon Story

Les travaux devraient être terminés depuis plus de deux semaines, mais ça n’en finit plus : il y a de la menuiserie à faire, car derrière les panneaux retirés, il y a presque toujours de mauvaises surprises qui nous attendent. De plus, pourquoi régler le problème initial (le toit du 3e coule dans la maison et dans le hangar) quand on peut corriger l’empiètement du 3e étage chez le voisin et dans la ruelle en sciant les murs des deux derniers étages du hangar ? Pourquoi ne pas en profiter pour remplacer la vieille tôle rouillée tout en saisissant l’occasion pour changer le plancher des balcons, etc. ? C’est toujours la même chose : Monsieur a non seulement mal évalué la portée des travaux, mais il a décidé de régler tout ce qui cloche… et je le soutiens dans ses projets les plus fous, les plus foireux, les plus presque-pas-réalisables. Parfois, je me dis que c’est la seule façon de partager sa vie : en l’aidant du mieux que je peux. J’en suis à peu près là dans mes réflexions, en équilibre instable sur un échafaud, lorsque quelque chose me tombe sur la tête. J’ai à peine le temps de crier et de reprendre mes esprits que ça fait « ploc » deux étages plus bas.


You’re all I need
You’re all I need
I’m in the middle of your picture
Lying in the reeds
I am a moth
Who just wants to share your light
I’m just an insect
Trying to get out of the night
I only stick with you
Because there are no others

Radiohead, All I need, 2007.

Un pigeon est tombé sur ma tête, puis a dégringolé entre les plateformes jusqu’au sol. Il a ensuite repris ses esprits et s’est envolé. Après le choc initial, c’est la surprise : cet événement a-t-il vraiment eu lieu ? La probabilité qu’un pigeon me tombe précisément sur la tête est plutôt faible, non ? Surtout si l’on considère la position que j’occupais dans l’échafaudage, et le peu d’espace entre les madriers au-dessus de ma tête et la plateforme sur laquelle je prenais place. Est-ce un signe ?

 Photograph by Rama, Wikimedia Commons, Cc-by-sa-2.0-fr

Dans certaines traditions, le pigeon joue un rôle important dans la communication entre les mondes, pour autant que l’on comprenne ce que cela veut dire. À quels mondes fait-on référence ? Je n’en connais qu’un seul : celui dans lequel je vis, et qui constitue ma réalité. Par contre, mon expérience de la vie et mon âge font en sorte que je concèderais l’existence d’un second monde : un monde intérieur, celui de la pensée, des sensations et des émotions, qui n’est pas toujours extériorisé dans la réalité.

Mais revenons au pigeon. Il semble que, tout comme la colombe, celui-ci soit associé à la paix et à l’amour. Le pigeon, tout comme les autres oiseaux de la famille des Colombidés, symbolise la persévérance, le foyer, l’instinct maternel. Il incarne la nécessité de faire confiance à son intuition pour retrouver la stabilité, la quiétude de la demeure intérieure, la paix de l’âme. De plus, on lui reconnaît le pouvoir de retrouver son chemin, quoi qu’il arrive (rappelez-vous la colombe et le rameau d’olivier de la légende). Ce n’est pas pour rien qu’on utilise encore des pigeons voyageurs ou leurs intermédiaires, par exemple, les palomas (pigeons), ces tubes de métal qui acheminent vivres, médicaments et messages aux mineurs coincés à San José, au Chili. Alors, s’agit-il d’un augure ou d’un événement fortuit ? Du coup, je me suis rappelé Le preneur d’âmes (The Soul Catcher), de Frank Herbert (1972). En me tombant sur la tête, ce pigeon est-il devenu mon animal totem ? M’a-t-il rappelé que, dorénavant, je possédais certaines de ses caractéristiques ou encore, que je devais les faire miennes ?

Taken by Michael Baranovsky

Plusieurs conditions se sont trouvées réunies lors de cet événement : je suis en pleine réflexion sur le sens ma vie. Certes, je suis privilégiée : en témoignent ces travaux qui ont pour but d’améliorer le nid familial. Par contre, je ne réussis jamais à gommer cette impression d’étouffer dans une cage dorée, que ce soit sur le plan familial ou professionnel. Ainsi, mon équilibre, tant physique que mental, est toujours précaire. Qu’est-ce que cela peut bien signifier ?


C’est fou comme La Folle du Logis aime s’agiter, et s’agite effectivement, dès qu’elle en a l’occasion. La quête de sens a quelque chose d’insensé. L’être humain est peut-être le seul animal qui se permette d’être insensé ou de faire des gestes insensés sans que ça mette nécessairement sa vie ou celle des autres en danger. Quoique…
L’imagination est la folle du logis.
Malebranche
Ultimement, j’en conclus que le pigeon se fiche pas mal que je m’identifie à un pigeon voyageur ou à une colombe dans sa cage dorée : il a repris son envol, sa quête de nourriture, de protection, de procréation... Dois-je choisir la relative sécurité de la maison ou risquer un nouveau départ ? Partir ou rester ?

Adieu, tous les pigeons
Qui nous ont fait escorte
Adieu, Pont des Soupirs
Adieu, rêves perdus
C'est trop triste, Venise
Au temps des amours mortes
C'est trop triste. Venise
Quand on ne s'aime plus

Charles Aznavour, Que c'est triste Venise.
Paroles: Françoise Dorin. Musique: Eddy Barclay, 1964, © Editions Musicales DjanikVoyageur.

dimanche 10 octobre 2010

Je promène ma tristesse comme d'autres, leur chien.
Ça fait quelque chose à faire,
Ça trompe la détresse de se savoir rien.

lundi 6 septembre 2010

Résolutions irrésolues

  • Refuser le rejet du corps vieillissant
  • Réfléchir de manière irréfléchie
  • Rejeter le contrôle d'un discours dominant
  • Autoriser le geste d'écrire
  • Sortir de l'esthétique de la Faute
  • Permettre à la pensée de retrouver le chemin de la parole
  • Abandonner ce qui peut l'être
  • Retrouver le courage d'errer sur le seuil du trou sans fond
  • Accepter de manquer d'ancrage dans tout cet encrage

dimanche 29 août 2010

Quand tous les jours, c'est la fête, ce n'est pas la fête: c'est une dépendance.

Notes et impressions en vrac - Québec

 Le Jules et Jim a brûlé - je me suis repliée sur le Sonar, un bar à tapas. Très agréable, même si le barman me demande conseil sur "comment vieillir", car il a 48 ans et appréhende l'arrivée de la cinquantaine. Il faut dire que quelques minutes plus tôt, le serveur me faisait remarquer qu'il y avait beaucoup de femmes seules dans le quartier Montcalm. Elles sont élégantes, même si elles ont renoncé à séduire. Sous un vernis de dynamisme et de gaieté, une tristesse sourd et se confond en appels muets. Souvent, certains jeunes hommes les perçoivent et y donnent écho par des sourires. Le barman et le serveur, tous deux d'origine espagnole, me racontent tout cela pendant que je sirote un ballon de rouge. Suis-je l'une de ces dames âgées percluses de solitude? Je ne sais pas comment avoir mon âge. Bon. Au cinoche, je vais voir The City of Your Final Destination, avec Hopkins et Gainsbourg.

Finalement, j'ai bien aimé ce petit film sur l'amour.

mercredi 18 août 2010

Blues du retour


Il y a quelques années, j'ai pris une année sabbatique. Difficulté d'être à contrecourant de la vie active, problèmes familiaux, ennuis financiers - tout ça a fait en sorte que je n'ai pas pu rester inactive, ni profiter de ce congé. Il faut dire que cette année avait été prévue pour la rédaction d'un mémoire de maîtrise, qui n'a jamais eu lieu. Après une propédeutique éprouvante, il s'est avéré qu'un de mes fils avait des difficultés scolaires importantes. La question s'est posée: qui a besoin de réussir ses études? J'ai renoncé à mes études pour aider fiston. Est-ce que cela été une bonne décision? Difficile de le dire: ç'a été la croix et la bannière, les cris, les colères, les encouragements, les petites victoires, les défaites. Quoi qu'il en soit, il est rendu au cégep - on se croise les doigts pendant qu'il se les délie sur le clavier, collé sur StarCraft II.

Mais tout ceci est accessoire. Voici qu'après de longues vacances, je dois me préparer à retourner au travail, encore au même endroit, après plus de vingt ans.

Après ma sabbatique, je suis rentrée au boulot. Je me souviens de ce retour au travail. J'ai poireauté une bonne demi-heure dans le couloir, car j'étais incapable d'entrer dans mon bureau. Un état de désespoir proche de la panique, les larmes aux yeux: j'avais échoué, j'avais raté la porte de sortie que devait me donner la maîtrise. Dix ans plus tard, je suis dans la même situation. Mon retour au travail est prévu pour le 30 août, je ne pourrai pas terminer ÉCR, le projet auquel je me suis consacrée avant de partir, le nouveau projet qu'on me destine à mon retour ne m'excite pas, je n'aurai pas des outils pourtant essentiels à mon travail (Antidote, Acrobat Writer, l'accès au Petit Robert en ligne et à d'autres logiciels) à moins que la haute direction ne le juge nécessaire et-pour-un-temps-limité. J'ai le "motton", juste à y penser. D'autant plus que j'ai refusé 4 offres d'emploi, car la différence de salaire était trop grande ou les conditions, vraiment moins intéressantes. Cependant, je sais mieux ce que je veux et il y a des sacrifices que je ne suis pas prête à faire.

lundi 9 août 2010

Il y a peu de choses dont je sois certaine


Ce soir encore, j'ai pu vérifier que je ne pourrais pas vivre sans le mouvement. Il ne s'agit pas seulement de la danse, bien que j'aime énormément danser, et ce, depuis toujours. C'est plus complexe, plus profond. Plus je vieillis, plus je constate que j'ai l'immense privilège de pouvoir bouger, de retirer un plaisir physique du mouvement, et d'éprouver toute une palette d'émotions en lien avec le travail corporel.

dimanche 8 août 2010

Son doux langage s'est tu



Parmi les toiles de Waterhouse, je pense que Le martyre de Sainte Eulalie (1885) est celle qui m'émeut le plus. Il y a la position des jambes, puis celle des bras... Ensuite, le lien au poignet. La mince couche de neige accentue sa pureté.

vendredi 6 août 2010

Hystérie et peur

Dans le film Mr Nobody, Sarah Polley incarne Élise, une femme dépressive. Nemo, le personnage principal et l'un des époux possibles d'Élise, pense que la source de l'état de sa femme est la "mémoire" d'une peur archaïque, peur qui perdure inconsciemment, et qui ne peut être calmée, malgré tous ses efforts.

mardi 3 août 2010

Des clous


Les voisins (hum, surtout les voisines) en ont marre de nous entendre clouer, arracher, visser, échapper, sacrer, polluer visuellement, etc.
J'aurais donc dû savoir qu'on n'aurait pas terminé les travaux dans les temps prévus, et qu'il y aurait plein d'imprévus et de problèmes à régler.

lundi 2 août 2010

Que de temps perdu à ne rien faire!

J'aimerais bien méditer, ne m'accrocher à aucune pensée ou émotion, cesser de fuir par l'action inutile - MAIS c'est impossible, l'angoisse me guette!

Parmi les actions utiles à faire aujourd'hui:
- trouver le courage de rappeler un organisme auquel j'ai fait parvenir mon cv;
- exprimer adéquatement et de manière convaincante que je suis la personne qu'ils doivent embaucher (ce job "crie mon nom");
- me rappeler en entrevue mes deux principaux défauts (orgueil, besoin de reconnaissance) et mes principales qualités (rigueur, créativité, loyauté, souplesse, polyvalence);
- répondre aux questions qu'on me pose et n'élaborer que si on me le demande;
- constater que je n'ai aucune raison valable de manquer de confiance en moi ou de douter de mes compétences.

mercredi 28 juillet 2010

Je déteste attendre

Pourtant, c'est ce que je fais le plus souvent. J'attends le bon moment, mais il me passe toujours sous le nez, parce que je l'ai attendu, justement. Le bon moment n'attend pas. Alors, qu'est-ce que je niaise à attendre?

mardi 13 avril 2010

Solicolloque

Jour 2

À peu de choses près, je retrouve les mêmes concepts et maîtres à penser que ceux qui avaient cours il y a 25 ans. C'est déroutant. Dérangeante, aussi cette sensation que les femmes doivent être prises avec des pincettes: virulence souterraine purulente dans quelques propos ou réactions de certains hommes présents.

Tout de même, il a été question du corps aujourd'hui.

***

J'ai fait le choix du corps concret, que ce soit par la danse, la maternité ou la massothérapie, au détriment, peut-être, d'une partie de mon esprit. Les tatouages et les scarifications qui, surgissant de l'intérieur, trouvent leur chemin jusqu'à la surface du corps en témoignent eux aussi.

Périféérique


Il y a un plaisir certain à rester dans l'ombre projetée. Je me connais comme femme de peu de foi. Je me reconnais comme femme de peu de mots.

Le témoin est un messager, ange de surcroît, aveuglé par la lumière.

Je ne suis rien d'autre
Que ce qui s'offre à mon regard
Avant de toucher ma peau

Chaos cohérent
Miracle de la danse
L'intérieur
et/est
l'extérieur

lundi 12 avril 2010

Acte de danser

Là où ça se perd: quand il y a prolifération de mots pris dans la séduction de leur profération.

Je me perds, conséquence d'un manque d'ancrage dans tout cet encrage.

Où est le corps, comment s'investit-il dans la poésie?

Acte mental
et
Mouvement
et
Rythme
et
Souffle
Photo: (c) Détrak Danse
Les martyrs ont une posture d'innocence impure.

À quel titre? Qu'hors de?



Sacrifiction
Scarification
Scarifiction
Scary Fiction - What war is

J'assiste à ce colloque par accident.
C'est à ce titre que je suis ici aujourd'hui, que je serai présente demain et dans les jours qui viennent.

Note personnelle:
Me pencher éventuellement sur le trop.
Une artiste peut chercher le moins.

Je n'ai pas assisté à un colloque depuis des décennies. Pour cette raison, l'imprégnation sera la posture choisie : l'osmose comme stratégie efficace d'accueil. Il y a trop de mots d'effets tueurs. Que disent-ils? Où est leur bouche? leur diaphragme? leur tube digestif?

Sacrophages - quelques notes éparses, malgré tout - culture momifiante/momifiée

Au sentiment de trop de tout à l'heure, s'opposerait le trou (Dévoratrix).

Je ne veux pas écrire, sinon minimalement. Je préfère animalement danser.

jeudi 8 avril 2010

Sur le fil

Tout est là
Tout a toujours été là

Dans le tremblement du centre,
Une ultime contraction
M'empêche de basculer

lundi 5 avril 2010

Ma dernière trouvaille: repeindre la table et les chaises de mon ancienne cuisine, et m'en servir comme mobilier extérieur. Des heures de plaisir et de nettoyage des mains. Une chance que Josée m'a donné ses anciens pantalons de peinture!

mercredi 31 mars 2010

Le corps épuisé par le printemps, les mouvements, le lavage de la cuisine.

Propos décousus

Rechercher autant d'abandon dans le geste d'écrire que dans la danse.
Rêver d'avoir un espace de silence et de risque.
Reprendre mes pérégrinations : rencontres furtives et fortuites.

mardi 30 mars 2010

Faire le ménage d'abord

Plutôt que de réfléchir à ce que je pourrais écrire, j'ai lavé la cuisine (il reste la partie du bas, les électros et le plancher à cirer). En soirée, super classe de danse.