dimanche 24 mars 2013

Le souffle de la forgeronne



Impressions sur le film Dans l’œil de la forgeronne, de Guy Smith et Pierre Bundock

Le film a bien parlé. Il a montré l’intention, le mouvement, les contretemps, le travail et le résultat. À quelques reprises, il y a eu de petites étincelles de souvenirs qui m’ont rappelé la genèse du travail de Giacometti. Toutefois, la démarche de Marie-Josée Roy est différente, ce n’est pas un travail d’épuration qui l’amène à atteindre l’essentiel. Il y a quelque chose de l’ordre de l’insufflation, d’un travail de l’incarnation. Tant de formes du feu ont été appelées. Le manchon (à défaut de savoir comment appeler le four-cylindre) évoquait une matrice stimulée par le souffle du gaz. Et, malgré par sa puissance élémentale, le feu ne servait qu’à préparer la translation de la matière. C’est le choc de ses gestes (les coups portés par le marteau,  le chalumeau, les pinces, le grinder, etc.) qui animait la matière pour la faire porteuse de pensées, d’émotions, de vie.

Il y a toujours cette fascination de constater qu’à partir du moment où la forme évoque le vivant et, plus particulièrement, l’humain, nous sentons son désir d’être animée, de vivre. Ça se produit depuis le début de notre ère en sculpture (Pygmalion et Galatée), en littérature (Frankenstein et sa Créature), en robotique (Blade Runner), mais aussi à chaque rencontre : nous anticipons ce qui n’est pas encore là, nous nous suspendons dans l’attente de ce qui n’a pas encore eu (de) lieu, nous nous animons les uns et les autres…

Merci pour ces moments de suspension et de traversée des barres de fer (la matière) à l’enfer (la fusion) qui fait naître l’être.

lundi 18 mars 2013

Repos

Une exigence de douceur. Cultiver la mienne, me l'offrir. Fuir les écorchures inutiles. Utiliser ma propre lumière pour éclairer le chemin ou l'ourdir d'ombres soutenues. Accepter ce qui est là au même titre que ce qui n'y est pas, et en témoigner.

J'avais oublié la couleur des sons, la course de l'encre sur la page. Écrire, biffer, recommencer, réécrire l'ébauche, la laisser se transformer ou la sacrifier, relire et laisser le texte m'échapper et s'offrir sans chercher quelqu'un pour le recevoir.

Façonner la magie de l'instant tout en fuyant le désir de plaire. Catalyser la pensée par le geste. Laisser mon épuisement faire son œuvre. Ne plus tolérer le manque de respect, car je suis valable.

samedi 16 mars 2013

Est-ce de moi?

Parfois, les mots me possèdent tellement, que je ne sais plus s'ils sont de moi ou si je les ai attrapés dans le texte ou le discours d'un autre... Comme ceux-ci:

Mon masque de bonté
Tombe en lents mots
Fuyant la faux
De la vérité

J'ai revêtu ma robe
D'étoiles
Et suis sortie
En plein jour
Les yeux ouverts
Et doux
Comme la pluie

Pardon si j'ai emprunté sans citer...

Soie folle

Je me suis mise à nu devant toi pour découvrir que tu n'avais pas l'étoffe de l'amour.

mardi 12 mars 2013

Lieu-dit

Si je fais abstraction de ce qui n'a pas eu lieu, je pourrai me trouver au même endroit que toi, en ta présence, sans gêne ni regrets. Après tout, le déni est un lieu commun de nos vies.

samedi 9 mars 2013

Sans mots

J'écris parfois
sans mots
Main posée
sur la trace
de ton souffle
au regard
suspendu
qui se hisse
jusqu'au mien

dimanche 3 mars 2013

Poudrerie de l'âme

Si tu fais le vide, vais-je disparaître pour autant? Tu m'as perdue dans un silence de détours coupés. Il fait froid dans tes narines. Ton cœur s'y brise bien plus que le mien ne s'y est brisé. Tu files et le sol se défile.