dimanche 3 février 2013

Les corneilles de Reynald

Mon père me parle des corneilles. Elles sont légion. Elles viennent par centaines se percher dans les arbres nus qui bordent la voie ferrée et, telles des feuilles noires, s'agitent pendant que celles qui picorent au sol forment un tapis mouvant. Il m'emmène près de la fenêtre du salon et pointe les arbres. Au même moment, un train passe rapidement; c'est un train de voyageurs. Il m'explique que les trains de marchandises sont plus lourds et plus lents. Parfois, il y a deux étages. Les conteneurs doivent laisser échapper des grains de blé sur la voie. Sinon, comment expliquer toutes ces corneilles? Il me raconte comment celles qui sont au sol s'envolent toutes ensemble lorsque les rails se mettent à vibrer, annonçant la venue prochaine d'un train. Alors, me dit-il, en une fraction de seconde, le monde est obscurci par la marée noire des corneilles du sol qui entraînent au passage celles qui se trouvaient dans les arbres. Elles forment un voile tournoyant qui, en un claquement d'ailes, disparaît. Où vont-elles? Il ne saurait le dire.

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